28-03-2024 01:46 PM Jerusalem Timing

Fin du ramadan: Gaza en guerre célèbre un "Aïd du sang"

Fin du ramadan: Gaza en guerre célèbre un

L’enfant Samih Janid a été tué ce lundi dans un raid israélien contre sa maison dans le camp Jabalya

La fête du Fitr, qui marque lundi la fin du ramadan, aurait dû être un jour de joie pour Abeer Shamali mais cette année à Gaza "c'est l'Aïd du sang", dit-elle en passant doucement la main sur la terre qui recouvre le corps de son fils.

Cet adolescent de 16 ans rentrait chez lui jeudi quand un obus est tombé à Chajaya, une banlieue de l'est de la ville de Gaza très durement touchée par les frappes de l'armée israélienne, qui affirme qu'il s'agit d'un fief du Hamas.
 "C'était juste un enfant. Il avait fini l'école et avait commencé à travailler comme apprenti dans un salon de coiffure", témoigne son père, Ahed Shamali, au grand cimetière de Cheikh Radouane à Gaza.
"C'est l'Aïd des martyrs", poursuit-il, accompagné de deux de ses huit enfants.

Tous présentent le même visage épuisé par le chagrin et trois semaines de guerre. Dans une frappe séparée, la maison de la famille a été détruite. Elle était heureusement vide de tout occupant.
   
Quelque 1.040 Gazaouis ont été tués depuis le début de l'opération israélienne "Bordure protectrice" le 8 juillet et, selon l'ONU, plus des trois-quarts des morts palestiniens sont des civils.
 "Le ramadan est censé être un mois de sainteté, un mois consacré au Coran. Pas un mois de batailles", évoque Abeer, les larmes aux yeux, en plaçant des hortensias blanc et rose sur le monticule de sable qu'elle caresse.
   
Autour, des familles sont venues nettoyer les tombes de leurs proches et se recueillir, le visage grave, comme tous les ans. Mais les trois semaines de conflit sont présentes dans le décor et les esprits. Jouxtant le cimetière, un immeuble s'est effondré, les gravats jonchent les sépultures qui doivent parfois être dégagées.
   
Après le cimetière, l'hôpital
   
"Les gens viennent rendre hommage à leurs morts, se recueillir sur leur tombe. Et puis, ils vont à l'hôpital pour rendre visite à leurs blessés", explique Joumaa Jaabou, habitante de Gaza.
   
Dans le centre de la ville, quelques centaines d'hommes et de femmes sont venus à la mosquée Al-Omari pour la prière de l'aube. Sitôt terminée, ils se dispersent rapidement et s'évanouissent. Pas de grande réunion familiale cette année pour l'ultime "iftar" du ramadan (rupture du jeûne).
   
Les Gazaouis se méfient de l'accalmie relative qui règne depuis plusieurs heures, aucune trêve n'ayant été officiellement annoncée par les belligérants.

Non loin de là, à Jabaliya, au nord de Gaza, deux Palestiniens ont encore été tués lundi dans une des frappes sporadiques de l'armée israélienne. Dont l'enfant Samih Janid (4 ans)  (voir photo).


Les rues présentent un visage inhabituellement calme pour une fête du Fitr. Quelques éboueurs ramassent des ordures qui ont attendu plusieurs jours, dégageant une odeur de pourriture.
   
Des petits groupes d'hommes boivent du thé devant les ateliers dont les rideaux sont baissés, mais ne s'aventurent pas dans la rue. Des enfants observent les décombres de maisons éventrées par les bombardements.
"Il n'y a jamais eu d'Aïd comme celle-ci pour le peuple palestinien. C'est une fête vraiment triste", soupire Joumaa Jaabou.