28-03-2024 07:20 PM Jerusalem Timing

Le nouveau président afghan ne peut pas maîtriser la situation

Le nouveau président afghan ne peut pas maîtriser la situation

L’Afghanistan finira par se décomposer entre le Pachtounistan, les communautés tadjike et ouzbèke, prédit un expert.

Le nouveau président afghan Ashraf Ghani Ahmadzai ne peut pas contrôler la situation dans le pays et ce dernier finira par se décomposer dans un avenir proche, estime Sergueï Demidenko, expert à l'Institut d'évaluations et d'analyse stratégiques.

L’ex-ministre afghan des Finances Ashraf Ghani Ahmadzai a prêté serment lundi matin, devenant ainsi officiellement le nouveau président du pays.

Toutefois, sa nomination reste conditionnée par un accord de partage des pouvoirs avec son principal concurrent à la présidentielle, Abdullah Abdullah, signé le 21 septembre.

"Il ne sera sans doute pas en mesure de maîtriser la situation. Il ne pourra que contrôler partiellement Kaboul et ses alentours. Ses perspectives de garder le pouvoir dépendront de ses supports au sein des clans et de ses capacités à les manipuler", juge Sergueï Demidenko dans un commentaire accordé à RIA Novosti.

"D’une manière ou d’une autre, l’Afghanistan finira par se décomposer entre le Pachtounistan, les communautés tadjike et ouzbèke, etc. Cette tendance est irréversible", pense l'expert.

"Le nouveau président étant d’origine pachtoune, il représente les intérêts de la majorité pachtoune. Il n’a donc presque pas de marge de manœuvre. A mon avis, il n’apportera pas de grands changements en Afghanistan", souligne l’expert. Et d’ajouter: "Le président afghan dépend considérablement de l’influence extérieure, des clans et des tribus les plus importants, ce qui l’empêchera d’élaborer un plan sérieux pour régler la situation et consolider les Etats".

Pour Sergueï Demidenko, l’élection du nouveau président afghan n’aura aucune influence sur la Russie: "C'était déjà un point sensible, et ça le restera". "L’Afghanistan restera toujours le principal exportateur de stupéfiants en Russie - il faut s’attendre à un élargissement de cet abcès aux frontières méridionales de la Russie et à un nombre encore plus important de problèmes", affirme-t-il.

Le premier tour de l'élection présidentielle en Afghanistan a eu lieu le 5 avril 2014 et aucun des candidats n’a obtenu plus de 50% des suffrages. Les résultats préliminaires du deuxième tour, le 14 juin, ont donné la victoire à Ashraf Ghani Ahmadzai mais Abdullah Abdullah a dénoncé des falsifications massives et annoncé sa volonté de former son propre gouvernement au mépris des chiffres officiels.

Suite aux plaintes d’Abdullah et les appels des Etats-Unis, la commission électorale afghane a lancé une réévaluation des voix. Ce recompte de 8,1 millions de votes a été suspendu plusieurs fois à cause des divergences des candidats concernant les procédés d’annulation des suffrages.

Ghani Ahmadzai a souligné qu’en tant que président, sa première initiative serait de signer avec les Etats-Unis un accord dans le domaine de la sécurité. Ce texte pourrait permettre à un contingent peu important des forces étrangères de rester en Afghanistan après 2014.