24-04-2024 08:06 AM Jerusalem Timing

Toute la haine du mufti d’Arabie déversée sur le film iranien « Mohammad »

Toute la haine du mufti d’Arabie déversée sur le film iranien « Mohammad »

Pourquoi le mufti saoudien ne peut-il pas supporter un film iranien sur la vie du prophète??

 Position tout a fait prévisible de la part du grand Mufti d'Arabie saoudite, cheikh Abdel Aziz al-Cheikh. Selon l'AFP, il a jeté l'anathème sur le film "Mohammad, messager de Dieu" sorti la semaine dernière en Iran, estimant qu'il était "hostile à l'islam".
  

"C'est un film païen et une œuvre hostile à l'islam", a lancé le mufti dans une déclaration publiée mercredi par le quotidien Al-Hayat, ajoutant que sa projection était "illicite selon la charia".
 "C'est une distorsion de l'islam", a encore dit le plus haut dignitaire religieux de l'Arabie saoudite, chef de file du wahhabisme, école rigoriste dans sa lecture des textes sacrés, et dont s’inspire la mouvance takfiriste d’Al-Qaïda et de Daesh (Etat islamique).

Dans sa diatribe le religieux saoudien traite les réalisateurs du film iranien « de corrupteurs », et les accuse de vouloir « défigurer et dénigrer la personne du prophète ». Il ne précise pas dans quelles séquences du film il perçoit ces distorsions.  
 
Même son de cloche de la part de la Ligue du monde islamique, basée à La Mecque (ouest), qui a également fustigé mercredi le film iranien, au motif de  "l'interdiction de représenter le prophète Mahomet".
Dans un communiqué, son secrétaire général Abdallah al-Turki a invité les responsables iraniens à "suspendre et à interdire la projection du film, une violation de nos obligations à l'égard du prophète", et a exhorté les musulmans à le "boycotter".

Le grief est certes infondé.

Dès le début, le réalisateur iranien du film  Majid Majidi a pris soin d’éviter toute représentation du prophète. " Aucun visage des acteurs qui interprèteront la personnalité du prophète ne sera montré", a-t-il dit, selon al-Alam.

Selon l’AFP, le visage de Mohammad enfant n'apparaît jamais, seulement sa silhouette et, par des effets spéciaux, sa vision du monde qui l'entoure. Comme pour le film syrien sorti dans les années 80 du siècle dernier, le Message.

Cette position de la Ligue est d'ailleurs connue de tous, et elle a toujours été respectée par les cinéastes qui réalisent une production sur le prophète.

En insinuant que le film iranien la viole alors qu'il n'en est rien du tout montre la fausseté du grief qui lui est imputé, et laisse deviner d'autres raisons non déclarées.

 

Les espoirs douchés de Majidi 

Sorti fin août en Iran, "Mohammad, le message de Dieu", est un long métrage qui raconte la vie d'enfant du prophète de l’Islam, de sa naissance à l'âge de 13 ans.
   
L'ambition de son réalisateur Majidi est de casser "l'image violente" de l'islam projetée à travers le monde par les groupes armés jihadistes, très influencées d’ailleurs par l’école wahhabite. (Lors de l’imposition du royaume saoudien en péninsule arabe, les massacres qui ont été perpétrés contre ses différentes tribus ressemblent beaucoup à ceux commis par Daesh aujourd’hui)  

Majidi dans ses déclarations espérait aussi que son film puisse "unir" et non diviser les musulmans sunnites et chiites.

Espoir beaucoup trop optimiste, alors que l’Arabie saoudite a fait de cette scission sunnite-chiite son cheval de Troie, pour s’imposer puissance dirigeante sans contestation du monde islamique, et surtout pour divertir l’opinion publique arabe et islamique, voir fermer leurs yeux face à ses politiques injustes, lesquelles ont abouti à la perte de plusieurs peuples de la région : palestinien, irakien, puis libyen, syrien,…

On reproche surtout au royaume saoudien sa férocité à l’encontre des peuples musulmans, - le cas yéménite en est l’exemple parfait- et sa tolérance envers les invasions étrangères. Son laxisme s’illustre le mieux dans sa position à l’égard de l’ennemi sioniste, auquel elle a concédé la Palestine, sans aucune résistance.

On lui reproche aussi d'avoir détruit la patrimoine islamique en Arabie, pour des prétextes qui ne convainqent personne. 

Il est vrai que la position du mufti saoudien s’aligne à la politique officielle du gouvernement saoudien fortement hostile à la République islamique d’Iran, depuis la révolution de l’imam Khomeiny.  Lorsque l’Iran était gouverné par le Shah, lequel avait été intronisé de force par la CIA et affichait son alliance avec Israël, il était l’alliée bien aimé des Saoudiens.

Le refus des autres écoles

Mais il est vrai aussi que l’école wahhabite qui s’inspire plus de l’histoire des dynasties islamiques qui ont gouverné le monde musulman que de la tradition prophétique est fortement hostile à l’école chiite et au patrimoine des gens de la Famille prophétique . Elle la répudie de l’Islam et l’apostasie, comme elle fait de même avec la plupart des autres écoles islamiques, dont celles des soufis.  
    
Dès lors, tout ce qui provient des chiites est bannie d'avance, sans même prendre la peine de le visionner. La position du film "Mohammad" en est un exemple parmi d'autres.

Du côté de l'Egypte, pays plus en phase avec le patrimoine des Ahl al-Bayt,   la position est certes plus modérée.

Au début de l'année, le grand imam de l'université Al-Azhar du Caire, Ahmed al-Tayeb, une des plus hautes autorités de l'islam sunnite, s'est contenté de rappeler  son opposition à toute représentation du prophète, affirmant que cela équivalait "à rabaisser son statut spirituel". Sans se permettre d'apostasier ceux qui s'aventurent à le faire.

De là, on voit bien d'où Daesh et Cie puisent leurs horreurs!